Les médias sociaux pour s’unir, les syndicats pour agir
par Alan Willaert, vice-président de l’AFM pour le Canada
Les médias sociaux offrent à nos musiciens et artistes une façon tout à fait nouvelle de joindre leurs auditoires cibles. En effet, c’est un excellent moyen d’attirer de nouveaux admirateurs, d’afficher des activités au quotidien, des itinéraires et, de façon générale, de maintenir la pertinence d’un groupe dans un environnement musical très concurrentiel. Inévitablement, l’utilisation des médias sociaux aide également à créer un lien unique entre les musiciens eux-mêmes, qui s’appuient mutuellement et partagent ressources et information.
Les médias sociaux sont également devenus un lieu où l’on peut signaler des personnes et des situations qui sont à éviter, par exemple lorsqu’un membre du milieu musical subit une perte ou une fraude aux mains d’une personne pas très recommandable de l’industrie. J’en veux pour preuve un incident qui s’est produit l’année dernière dans la région de Brantford, en Ontario, lorsqu’un mari et sa femme, qui venaient de l’extérieur de la province et se disaient promoteurs, ont engagé plusieurs musiciens et groupes pour un concert devant avoir lieu près de cette ville du sud-ouest de l’Ontario. Malheureusement pour les musiciens concernés, ces personnes se sont avérées sans scrupules et ont manqué à toutes leurs promesses, y compris leurs paiements.
Comme on pouvait s’y attendre, les musiciens ont réagi immédiatement et l’histoire a fait le tour des médias sociaux. D’autres se sont ralliés à la cause et le mot d’ordre a été donné de boycotter les coupables. Certains ont fait parvenir des courriels méchants au couple, qui a répondu par des menaces de poursuite en diffamation. Tous les musiciens de la région semblaient participer à la discussion ou, à tout le moins, avoir une opinion sur la situation. Il a également été question d’une collecte de fonds pour dédommager les musiciens lésés.
La bonne nouvelle, si tant est qu’il y puisse y en avoir dans de telles circonstances, c’est que l’incident a uni le milieu musical et inspiré ses membres à prendre des mesures collectivement, ne serait-ce que par l’entremise de Facebook. Ils se sont rendu compte qu’ils devaient se tenir les coudes face à de telles personnes et parler d’une seule voix. Un préjudice causé à une personne est un préjudice causé à tous, et il n’y rien de tel que la force du nombre.
La mauvaise nouvelle, c’est que tout cela a été totalement inefficace. Est-ce que l’engagement a été sauvé ? Non. Est-ce que les musiciens ont reçu leur argent ? Non. Est-ce que les promoteurs ont subi les conséquences de leurs actions ? Non. Ce fut un désastre complet.
Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Les réponses sont étonnamment simples. Est-ce que les musiciens concernés étaient des membres de l’AFM ? Non. Est-ce qu’ils avaient signé un contrat en bonne et due forme ? Non. Si la réponse à ces deux questions avait été oui, l’issue aurait été complètement différente. En effet, comme membres avec un contrat d’engagement live dûment rempli et déposé, les musiciens auraient eu accès au fonds de défense des contrats de la section locale du territoire. S’ils étaient membres d’une autre section, ils auraient pu faire appel au programme d’aide d’urgence en voyage qui est administré par le Bureau canadien. Dans les deux cas, ils auraient reçu au moins le cachet minimum pour leur engagement comme avance, et la section locale ou la Fédération canadienne aurait déposé une demande d’indemnisation contre les promoteurs afin d’obtenir une décision leur permettant de collecter le montant total de l’engagement. Une fois les fonds récupérés, les musiciens auraient reçu le solde de leurs cachets.
Les musiciens de la région ont eu la bonne idée : se tenir, parler d’une seule voix, considérer qu’un préjudice subi par l’un concerne tout le monde et se rappeler que l’union fait la force, mais ils ont choisi le mauvais moyen. En effet, bien que la connexion grâce aux médias soit un excellent moyen d’attirer l’attention sur l’injustice sociale, le vrai pouvoir de corriger cette injustice ou d’effectuer un changement significatif commence par l’adhésion à l’AFM. Une fois membre, il faut se prévaloir de tous les services offerts. Voilà ce dont j’aimerais qu’on parle sur Facebook.