Le représentant local : une ressource précieuse de recrutement et de syndicalisation
par Alan Willaert, vice-président de l’AFM pour le Canada
Le représentant local qui se rend sur les lieux des prestations est une ressource très précieuse et souvent négligée. Chaque section locale a l’obligation de désigner au moins une personne pour jouer ce rôle, comme prescrit dans les règlements généraux de l’AFM au paragraphe 5(13), qui se lit comme suit :
Chaque section locale désignera au moins un représentant qui aura pour tâche, entre autres, de communiquer avec les musiciens qui se produisent sur son territoire de compétence en vue de s’assurer de leur soutien ainsi que de leur participation à l’atteinte des objectifs collectifs des membres tels qu’ils sont exposés à l’article 2. [Traduction libre]
La formulation de ce règlement a varié quelque peu au fil des ans tout comme son application. Pour l’anecdote, j’ai entendu raconter que des représentants locaux se présentaient dans les salles pour
« vérifier les cartes » de chaque musicien sur scène, et qu’ils étaient disposés à empêcher le groupe de jouer si le nombre de non-membres dépassait une certaine limite prédéterminée. Rétrospectivement, voilà qui paraît un peu extrême; mais l’objectif consistait à faire comprendre à l’employeur qu’il ne pouvait engager que des musiciens syndiqués. À l’époque, cette activité a été très efficace, mais les représentants étaient perçus comme des policiers.
Dans ma propre expérience, il y avait sur le territoire de la section 149 (Toronto, Ont.) au moins trois représentants qui visitaient les clubs, surtout si on y offrait de la musique live six soirs par semaine. Certains étaient nos pairs, des musiciens dont nous avions entendu parler, qui faisaient partie d’autres groupes et qui prenaient du travail à temps partiel comme représentants pour le compte de la section. Ce n’était pas du tout une contrainte et je trouvais étrangement rassurant de savoir que l’AFM était présente dans la boîte.
Quel est l’avantage pour la section d’avoir un représentant? Il n’est pas toujours facile de suivre ce qui se passe sur le terrain, de savoir quels lieux de présentation ont cessé d’engager des musiciens et lesquels ont commencé à le faire ou quel genre de musique on y joue. Les sections qui offrent un programme de référence pour les engagements ne savent peut-être pas qui joue quel répertoire, dans quel groupe et avec quel niveau de qualité. Une visite du représentant permet de répondre à toutes ces questions et d’entrer en contact avec des non-membres ou des groupes en tournée qui sont de passage dans son territoire. De plus un contact régulier avec les propriétaires de lieux de présentation et d’autres personnes qui pourraient engager des musiciens est une occasion de développer des relations qui peuvent s’avérer extrêmement utiles au fil du temps.
Quel en est l’avantage pour les membres? Pour un musicien en tournée, se produire dans une ville qu’il ne connaît pas présente des défis. Je me rappelle que certaines sections préparaient des trousses pour les voyageurs contenant de l’information et des indications pour les bureaux de la section, un lavoir, une épicerie, un magasin d’alcool ou de bière, des magasins de musique ou des postes d’essence ouverts toute la nuit. Il s’y trouvait toujours une facture de cotisation d’exercice aussi, bien sûr.
Lorsque le représentant arrivait pendant une prestation, c’était l’occasion de poser des questions et de recueillir de l’information. Quels autres lieux de présentation de type et de prix similaires y avait-il dans le coin? Quels autres musiciens intéressants jouaient en ville ? Ou peut-être y avait-il des difficultés avec le propriétaire du lieu ou avec le contrat et le représentant pouvait aider à les résoudre. C’était également l’occasion de poser des questions au sujet des services et des avantages de l’adhésion à l’AFM/CFM et des façons d’y avoir accès.
Les représentants sont également très précieux lors d’enregistrements. S’il s’agit, par exemple, d’une session au noir pour un jingle ou une trame sonore, le représentant peut habituellement parler avec l’employeur et le chef, et souvent un contrat en bonne et due forme se signe avec tous les bénéfices et les paiements résiduels qui s’en suivent pour les musiciens. Lorsqu’on permet au travail payé comptant de se développer et de remplacer les engagements sous contrat et les formulaires de rapports de l’AFM, tout le monde en souffre en bout de ligne. Le cachet est bas, il n’y a pas de contribution à la caisse de retraite, pas de documents déposés et donc pas de versements du fonds des paiements spéciaux, de cachet pour utilisation nouvelle ou d’autre paiement résiduel. Le représentant peut éliminer une grande partie de cette économie souterraine et aider les musiciens à recevoir les cachets et à profiter des avantages auxquels ils ont droit.
J’ai gardé pour la fin ce qui est sans doute la fonction la plus importante du contact entre représentants et musiciens sur le terrain : la syndicalisation. Une bonne partie des échanges concernera de l’interne c’est-à-dire permettre aux membres existants de prendre connaissance des avantages qu’ils ignorent. Ainsi informés, ils passeront le mot à leurs collègues non-membres. Et, bien sûr, le fait que des représentants parlent directement avec des non-membres ne peut qu’entraîner un résultat positif en termes de recrutement. Une section locale qui a des représentants qui visitent les musiciens sur leurs lieux de travail ne peut qu’accroître sa visibilité, ce qui crée l’occasion de recruter et d’accroître la proportion de membres dans le milieu.
Si vous êtes un officier d’une section qui n’a pas de représentant local, vous devriez trouver le moyen d’en nommer un le plus tôt possible. Si vous êtes un musicien qui a la chance de recevoir la visite d’un représentant sur son lieu de travail, profitez de l’occasion pour en apprendre davantage au sujet de l’AFM et de ses services.