Qui tient ces propos?
par Alan Willaert, vice-président de l’AFM pour le Canada
Il est clair que, dernièrement, la FCM s’est surtout occupée de trouver de nouveaux employeurs avec lesquels conclure des ententes, particulièrement dans le domaine des médias. Les enregistrements − visuels ou autres − présentent tout un éventail de sources de revenu pour nos membres dans le domaine de la captation, de la réutilisation, de l’utilisation nouvelle, des marchés supplémentaires et des nouveaux médias ou encore de la diffusion en continu. Ce travail est important et extrêmement précieux pour les musiciens qui l’effectuent.
Aujourd’hui, j’aimerais traiter de certaines préoccupations de nos musiciens pigistes − ceux qui sont dans les tranchées, trimbalant leur matériel d’un lieu de présentation à un autre et dégotant les engagements là où ils peuvent. Dans cet univers, les choses ont bien changé depuis 30, 20 ou même 10 ans, et malheureusement pas pour le mieux. En effet, ce qui était autrefois un secteur très lucratif de notre métier, offrant des engagements réguliers de six soirs ou plus dans chaque salle, de vastes salons et cabarets, de larges scènes et pistes de danse et des tournées à l’échelle du pays, a presque disparu. La concurrence accrue pour le travail qui reste dans les bars a créé un marché d’acheteurs dans lequel les membres ont laissé tomber les règles de base du commerce dans l’espoir de trouver un club qui leur offre la possibilité de jouer devant un public. S’ajoute à cela une attitude nonchalante, et la répétition de certaines phrases inexactes qui émanent d’employeurs et qui font franchement peur.
« Plus personne ne signe de contrat »
La vérité, c’est que les musiciens ne les exigent plus, probablement parce qu’ils détestent la paperasse. Peut-être que le propriétaire du club refuse de signer, ce que je trouve incroyable puisqu’il signe pour tout le reste − la commande de bière, la livraison d’alcool, les plombiers, les électriciens − tous exigeant des contrats ou des bons de travail. Si les propriétaires ne signent pas de contrats pour les musiciens, c’est bien parce que nous les laissons faire. Malheureusement, la plupart de nos membres pensent que ce n’est pas important (et croient qu’une confirmation par courriel suffit), mais ils se trompent. En n’obtenant pas cette
signature, vous omettez d’obliger l’employeur à préciser les détails de votre engagement (heure de début, durée, cachet) et vous vous privez de sa contribution à votre caisse de retraite, de la protection contre l’enregistrement sans autorisation, l’annulation ou le congédiement, et de l’assistance de l’AFM en cas de défaut de paiement. De plus, les contrats constituent une excellente preuve de revenu au moment d’une vérification fiscale.
« Il n’y a pas d’engagements syndiqués. »
Si vous êtes membre de l’AFM, tout engagement est un engagement syndiqué. Le dépôt d’un contrat en bonne et due forme permettant de profiter de tous les avantages fait partie de la responsabilité d’un professionnel. Bien sûr, vous travaillez parfois en vertu d’une convention collective négociée en votre nom, mais la plupart du temps les musiciens pigistes et occasionnels s’occupent de leurs propres engagements. Soyez intelligent, faites les choses selon les règles. Ne vous comportez pas comme un non-membre en renonçant à vos droits.
« Les syndicats étaient nécessaires autrefois, mais plus maintenant. »
Si vous vous surprenez à répéter cette phrase ou à y croire, réfléchissez bien. Est-ce qu’elle a été lancée par un membre d’un syndicat? Bien sûr que non. Les employeurs adorent répandre ce genre de rhétorique afin de d’éroder encore le mouvement syndical. Ayant discuté avec des représentants d’autres syndicats lors de réunions du Congrès du travail du Canada, je peux vous assurer que nous ne sommes pas les seuls à subir ce type de propagande.
« Le syndicat exige des cachets trop élevés. »
C’est encore de la foutaise d’employeur. Ceux parmi vous qui assistez régulièrement aux assemblées générales de votre section locale comprenez bien que ce n’est pas le syndicat qui fixe les cachets. Ce sont plutôt les membres qui le font, habituellement en votant sur les recommandations d’un comité qui a fait une recherche relative aux valeurs et aux conditions ont cours sur le marché. Dans tous les cas de figure, les cachets prévus dans nos conditions minimales d’engagement sont assez bas pour accommoder des groupes qui débutent ou des petites salles. Les artistes et les spectacles établis savent combien il en coûte pour présenter un produit de grande qualité et ils établissent leur cachets en conséquence.
« Autrement que pour traverser la frontière, il n’y a aucune raison de devenir membre. »
Malheureusement, c’est une déclaration que nous entendons souvent même si elle n’a aucun fondement. Beaucoup de musiciens ou de groupes commettent l’erreur de devenir membres seulement parce qu’ils ont obtenu un engagement aux États-Unis et ne s’informent pas de nos autres services. Or, que vous fassiez des enregistrements ou que vous donniez uniquement des spectacles live, nous vous offrons un vaste menu de services et d’avantages dont je ne traiterai pas ici. Je vous suggère plutôt de contacter votre section locale ou directement le bureau de la FCM pour connaître tout ce à quoi votre adhésion vous donne droit. Nous serons très heureux de vous communiquer toute l’information se rapportant à votre type d’engagements.
N’oubliez pas, l’adhésion à l’AFM constitue l’axiome ultime : à chaque service ou avantage correspond un devoir ou une obligation. Le syndicat, c’est vous.